Mis à jour le 09/06/2023 par Bistrot de Pays
Mis à jour le 09/06/2023 par Bistrot de Pays
Se lancer dans la création d'un bistrot : un vrai défi pour une municipalité ! Comment s'y prendre ? Réponse avec Michel Fournier, Président de l'Association des Maires Ruraux de France.
Maire de la commune de Les Voivres dans les Vosges -292 habitants au compteur-, et Président de L’Association des Maires Ruraux de France, Michel Fournier connaît bien les enjeux de la création d'un bistrot à la campagne et les attentes fortes qui y sont liées. Comment initier un tel projet ? Comment identifier les besoins ? Quel contrat d'exploitation choisir ? La moitié des Bistrots de Pays résident dans des murs communaux. C'est dire si les communes ont pleinement pris conscience de la nécessité de faire vivre leur village à travers le bistrot. Souvent seules face à l'ampleur d'un tel projet, voici quelques pistes de réflexion et un guide qui vient de sortir pour les aider à faire les bons choix.
MF : Qu’il s’agisse de créer un bistrot ou de sauver un café qui va ou vient de fermer et de conserver sa Licence IV, les enjeux et donc la réflexion, seront différents. Il s’agira soit de sauver un service de proximité, soit de réinventer un lieu de vie parce qu’on en ressent le besoin. Mais dans tous les cas, il faut analyser très objectivement les chances de réussite de celui ou de celle qui va tenir ce commerce. Pour ma part, elles tiennent essentiellement dans le développement de plusieurs activités de proximité, dans l’esprit des Bistrots de Pays : café, restauration, pain, animations… La commune doit donc trouver des thématiques fortes qui répondent aux potentialités et aux besoins locaux. Les activités et la clientèle doivent aussi dépasser le seul périmètre local, en organisant des concerts par exemple. La population locale ne permet pas, à elle seule, de faire vivre un bistrot.
MF : La municipalité doit fournir à l’exploitant un vrai outil professionnel et peut décider un loyer progressif. Comme cela demande parfois d’importants investissements, cela relève d’un véritable choix politique. Les élus doivent aussi être les commerciaux du bistrot et créer tout un réseau autour de lui. Je connais une municipalité voisine qui travaille avec le bistrot pour sa cantine. Cela crée des liens essentiels avec les parents et les habitants. Sur ma commune, ces relations avaient beaucoup aidé à l’essor du bistrot/restaurant. Reste bien sûr à trouver le bon exploitant qui saura aussi appréhender les conditions de sa réussite.
MF : Lorsque c’est possible, on peut impliquer l’exploitant en amont dans le projet afin qu’un dialogue soit engagé par exemple sur les horaires d’ouverture, un élément important dans le fonctionnement d’un bistrot. J’ai par ailleurs remarqué que c’était plus facile pour un bistrotier d’habiter sur la commune qu’à plusieurs kilomètres.
Mieux vaut aussi bien étudier chaque terme et clause du contrat. Celui-ci doit être équilibré et ne pas réserver des surprises par exemple au moment du départ du bistrotier.
Pour ma part, je préfère démarrer avec des contrats souples et courts, de six mois ou d’un an renouvelable par exemple, pour que chacun s’assure que le projet réponde bien à ses attentes. Ce qui n’exclut pas, par la suite ou en cours de contrat provisoire, de le transformer sur une durée plus longue.
L’Association des Maires Ruraux de France et la Fédération Nationale des Bistrots de Pays ont réalisé en collaboration avec les cabinets d’avocats New Wave et Racine un guide juridique relatif à l’installation et aux modes de gestion d’un café restaurant multiservices sur le territoire communal. Pensé comme un outil d’aide à la décision, le guide est constitué de fiches synthétiques présentant d’une part, les questions préliminaires qui doivent toujours être posées par une Commune et/ou son Maire à l’origine du projet ; d’autre part, les différents types de contrat auxquels une Commune peut recourir pour la création ou la mise en gestion d’un café restaurant multiservices sur son territoire.